Bien avant de penser à monter le studio, je cherchais une petite maison à la campagne. Citadin depuis longtemps, ayant voyagé beaucoup (trop) comme consultant. Je voulais me poser. De la génération culturelle des seventies eighties, je pensais aménager une vieille grange, « à la mode » à l’époque « des bobos écolos » . Je connaissais la région, je faisais partie d’un club de spéléologie près de Han-sur-Lesse. Après beaucoup de recherches infructueuses, démotivé, je suis tombé par hasard (hasard qui a toujours bien fait les choses je dois l’avouer) sur quelques lignes dans un journal local lors d’un pic-nic improvisé : « école à vendre ». Etincelles dans les yeux…c’était le lieu, ma prochaine aventure. Les voisins étaient assez intrigués de voir débarquer une personne dans ce grand bâtiment.
Je ne regrette pas une seconde mon choix, même si j’en ai bavé avec les travaux et aménagements. De fil en aiguille, l’idée du studio d’enregistrement m’a chanté dans la tête pour devenir une réalité des années plus tard.
Baigné dans la musique des années 60-70-80, avec l’émergence des libertés individuelles, la révolution estudiantine, les grands groupes et les nouvelles musiques, j’ai très tôt été attiré par celles-ci. Comme des milliers de jeunes, j’ai d’abord appris la guitare (je chantais du Cat Steven) pour ensuite me diriger vers les claviers, avec la naissance des premiers synthétiseurs…c’était une époque excitante, tout était à faire !
J’ai fondé un groupe dans la foulée « Terra Nova ». Notre style prenait sa source dans les Yes, Pink Floyd, Supertramp, Genesis, etc. de l’époque. Le matériel était trop couteux et on bricolait souvent. On a eu notre heure de gloire en jouant pour Amnesty International à Bruxelles, au Palais des Beaux-Arts en 1982, on passait avant la tête d’affiche : on était très fiers. Enregistrer un « 33 tours » à l’époque était le parcours du combattant, si pas reconnu par une maison de disques, une production personnelle était quasi impossible sans gros apport financier. Les « Majors » étaient les reines et cadenassaient le marché.
Le studio d’abord monté pour mes besoins personnels (objectifs : musiques de films, court-métrages, compositions), je me suis rappelé la galère des groupes et musiciens à l’époque pour trouver une structure qui leur permettait de faire naître leurs projets à des coûts étudiés. C’est à ce moment que j’ai commencé à aider les groupes, et en me lançant dans la production à la demande. A voir les groupes que j’ai aidé réussir petit à petit, des mots comme « sans toi on ne serait jamais arrivés » est ma meilleure récompense.
Diplômé de l’IAD en 2012, j’ai depuis enchainé les collaborations, en studio ou en live, participé à la réalisation de plusieurs albums, EP’s et tournées européennes en tant qu’ingénieur du son, mixeur, arrangeur et musicien. Je joue de la batterie en studio et/ou en live dans divers groupes (Thyself, Recorders, Thot, Løyd, Black Mirrors, Oh Mon Dieu). Ce que j’adore dans ce métier est d’être sans cesse impressionné artistiquement et humainement par de nouvelles rencontres, d’être continuellement en devenir, de ne jamais m’enfermer dans ce que je sais déjà faire.
Arnaud, Jean, Jonatan, Charles, Paul, Nathalie…On a mis 3 ans à construire le studio de nos mains ; pour la partie technique, avec le support d’AMPTEC, Danny, Harald et Christophe.
Le maître d’œuvre a été Arnaud de Graillet (EGDFS) avec qui on a passé des soirées (arrosées) à refaire le monde. On voulait quelque chose de pro, chaud, fonctionnel, high Tech, en utilisant au mieux l’espace et la beauté du bâtiment en vieilles pierres. Tout l ‘édifice a été conçu autour de la musique. Le salon sert à l’enregistrement classique, avec deux pianos à queue. La cour extérieure (ancienne cour de récréation) a été aménagée pour de petits concerts en plein air (on y a organisé un concert pour mon mariage, et pour l’ouverture du studio).
Nature, nourriture locale, possibilités de logements démocratiques dans les gîtes de la région, accueil aux petits oignons par des musiciens pour des musiciens… on n’en est pas à une heure près. Nous proposons des forfaits (étudié en fonction de chaque cas), et il nous arrive de travailler plus sans impacter le budget, parce que ça nous plait et qu’on est libres de faire ce qu’on veut, contrairement à d’autres structures qui ont des plans financiers à respecter.
Nous proposons également à des formations « classiques » de venir partager leurs projets avec nous. Il y a peu de studios qui offrent un lieu et une écoute dédiée à ces formations.
Les retours de nos copains (appelés communément ailleurs clients) sont notre meilleure publicité : le fait d’être un peu éloigné des grands centres, avec l’infrastructure et le service à leur disposition n’a pas été un frein, au contraire.